Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

MEME

27 mars 2005

Même suite

Le lendemain matin je me réveille la tête où y faut pas, comme le premier jour où je suis allée en boite, c’était avec elle.

Je n’ai pas de nouvelle depuis hier, je décide d’aller chez elle, lui dire bonjour.

Sa mère ouvre la porte, elle est pâle, ses yeux bleus sont humides et rougeâtres. Je ne dit rien, je ne sais pas quoi dire. Elle n’est jamais très gaie mais je ne l’ai jamais vu si malheureuse à ce point. Je ne dit toujours rien. Mais où est Stella bon dieu ? Elle pourrait au moins venir consoler sa mère. Pourquoi elle me laisse là ? Moi je ne sais pas quoi dire à une mère entrain de pleurer. Ma mère ne pleure jamais ou peut-être jamais devant nous.

Elle va arrêter celle-là ? Parce que moi aussi j’ai envie de pleurer maintenant. Je lui demande agacée si Stella est là et elle me répond avec une voix tremblante : " Stella est partit, elle ne reviendra plus jamais. Elle est partit hier soir de sa soirée avec un copain à elle. Elle m’a appelé pour me dire qu’il la ramenait. Ils ne sont jamais rentrés. Un camion sur la route... Je ... " Cette femme venait de m’annoncer que ma meilleure amie, sa propre fille était partit pour toujours et je restait planté sans voix sous la véranda.

On peut tout me dire, tout : Qu’elle est au paradis, qu’elle est au ciel, qu’elle est parti en voyage, qu’elle va voler dans le ciel comme un oiseau au dessus du monde, qu’elle est devenu un ange, qu’elle veille sur moi comme elle l’a déjà fait, qu’elle est allé escalader tous les sommets du monde, qu’elle va faire le tour du monde. Elle est toujours en vie pour moi. Tant qu’elle bouge, qu’elle rit. On peut dire ce qu’on veut sur elle, mais personne ne dira les mots interdits. Même si c’est absurde de dire des choses comme : " Tiens, j’ai cru voir Stella faire du vélo aujourd’hui ? " Tant qu’on ne dit pas ce que personne n’a le droit de dire, je vais bien.

Je dit toujours à mes parents que je vais chez Stella, je ne dit jamais que je vais voir sa mère.

Elle me laisse aller dans sa chambre, je suis d’ailleurs la seule personne qu’elle laisse entrer ici. Je m’enferme là pendant des heures. Des larmes de tristesse envahissent à chaque fois mes yeux mais je me persuade qu’il s’agit de la fatigue ou d’autre chose.

Je t’aimais Stella et toi tu m’as abandonné. Tu n’avait pas le droit de faire ça. Qu’est-ce que je t’ai fait, qu’est-ce que ta maman t’as fait pour mériter tout ce malheur. Pourquoi a-t-il fallu mourir ? Voilà, je l’ai dit : tu es morte.

Je crois que c’est de ma faute, parce que ce soir-là je l’ai souhaité. D’accord je t’en voulais de m’abandonner pour ce beau métisse mais avais-je le droit de souhaiter la mort de quelqu’un ? Ta mort ?

Non, je n’y pensais pas réellement c’est parce que j’étais fatigué et c’est tout.

Ce n’est pas de ma faute Stella. C’est parce que je t’aime Stella comme une sœur, comme le soleil, nous sommes complémentaires tu sais...Je sais que tu le sais ...

J’ai fouillé dans l’un de tes tiroirs, j’ai trouvé une lettre. Cette lettre, bizarrement, tu l’adressait à moi :

Salut Toi,

Tu sais, je suis fatigué en ce moment.

Les examen approchent et je n’ai toujours pas commencé à révisé. J’espère que tu vas l’avoir.

Je sors sans toi mais je m’amuse moins quand t’es pas là.

En fait pour te dire la vérité, tu me manques. Ma vie est d’un ennui mortel.

Tellement mortel que y a des moments où je ferais mieux de me foutre un balle dans le crâne.

C’est pas seulement de ta faute mais les gens que j’ai rencontré en boite ne sont pas si géniaux que je le croyais. Y en à même qui m’obligent à faire des trucs dégueulasses. Je ne pourrais pas te les dire, c’est trop dur. Je sais comment tu es, tu vas croire que c‘ est de ta faute. Je t’en pris, le monde ne repose pas sur tes épaules. Je t’en pris, n’imagines pas non plus ces actes. Je suis toujours en vie, et c’est l’essentiel pour toi. D’ailleurs tout le monde est heureux que je sois en vie et personne ne se pose davantage de questions, personnes ne s’inquiète. Est-ce que tout va bien ? N’a-t-elle pas de problèmes ?

Mais à toi je peux le dire : je veux mourir, j’en ai marre de ma vie, je ferais tout pour arriver à ce que je désire.

Je sais que tu m’en veux et que tu m’en voudras toute ta vie mais c’est ainsi.

post-scriptum : Tu resterais toujours mon complément parce que nous deux on est pareil, on est la même.

Adieu ma Melaine à moi

Stella

Voilà, tu l’avais voulu et ton souhait avait été exaucé mais bien des mois après que tu n’es écrit cette lettre et je me demanderais toujours si tu n’avais pas réussi à t’en sortir, si tu n’avais pas changer d’avis, si tu n’avais jamais été heureuse, si tu avais aimé, si tu avais réfléchi, si tu...Des milliers de questions sans réponse.

Stella tu n’avais que dix-sept ans et neuf mois...

... et moi je n’ai plus de Même.

Publicité
Publicité
27 mars 2005

Même

Ce qui suit est une nouvelle que j'ai écrite il y a deux ans ( à 16 ans ). Si vous désirez la lire, je vous conseil de l'imprimer ( 8 pages ), c'est beaucoup plus agréable à lire sur papier. J'espère que cela vous plaira et j'attend vos commentaires avec impatience. Merci.

Même

Je me sens mal, ma tête tourne, un goût amère dans la bouche me donne envie de vomir. J’ai mal à l’estomac...

Ca y est, c’est fait. Je suis par terre, à genoux devant la cuvette des WC. Il y a quelques secondes à peine ma tête se trouvait à l’intérieur entrain de rendre tout ce que j’avais pu avaler à jeun pendant la soirée.

C’est drôle cette sensation de soulagement, de totale détente juste après ce moment d’" évacuation ".

Si vous verriez ma tête ! Moi qui adore abuser du ricil et des paillettes, évidemment, je regrette maintenant.

Mes yeux sont mouillés et noirs, mon fond de teint a dégouliné sur mon visage lézardé de larmes, je ressemble à une shootée.

J’entends une voix familière, loin, loin. C’est elle.

Elle me demande un peu affolée si ça va, je lui réponds, la voix calme mais légèrement tremblante que oui. Elle ajoute plus soulagée : " Ecoute, tu sais le beau gosse, il propose de me raccompagner, je te laisse, à plus tard et rentre bien ! "

Voilà, je suis seule dans les chiottes dégueulasses de la boite...

Elle, c’est Stella, je la connais depuis vingt-trois mois et deux semaines à peu de choses près. je l’adore comme tout le monde et elle aussi je crois. Tous les week-ends on sort en boite parce qu’elle préfère l’ambiance discothèque que les fêtes de villages plutôt folklo.

Elle porte des vêtements moulants, des grands décolletés, des fringues cintrées... Elle est la fashion victime type.

Elle aime qu’on la regarde, elle veut qu’on la regarde, elle voudrait qu’on ne regarde qu’elle, surtout les garçons, même les vieux, genre plus de 30 ans. C’est une fille sympathique, tout le monde connaît Stella, tout le monde l’adore et tous la trouve belle, sexy, amusante, gentille, délirante, intéressante...

C’est vrai, elle est tout ça à la fois.

Elle a changé ma vie, elle y a mis des couleurs, des rêves, de la joie et je crois que je l’ai aussi aidé lorsqu’elle en avait besoin.

Avant, je n’étais personne. Une ombre dans les couloirs du lycée, une présence vague dans les salles de cours.

Je suis la copine de tout le monde mais l’amie de personne. Ma timidité presque maladive masque mes qualités et je me cache sous tous les vêtements amples que je trouve dans l’armoire " bazar " de mon demi-frère bordélique de malheur !

Baggys, sweats... bref, le Streetwear est ma seule possibilité parce que lorsqu’on est grosse et moche, il faut mieux passer inaperçue que montrer son gros cul, telle est ma devise.

Personne ne m’aime, je n’intéresse personne, je suis un courant d’air qui arrive par hasard. Je passe vite, très vite. On me remarque un instant et je disparais aussitôt parmi la foule.

Je suis seule, si seule. Les garçons passent à coté de moi sans me voir. Ils me bousculent mais ne s’excusent pas. Je suis invisible...

C’est vrai, je ne suis pas une Barbie, une poupée en silicone. Je ne suis pas dans la norme comme les autres. Je suis la poupée de chiffon, de son, un vieux truc difforme, démodé, pas beau, pas mode. Il me manque les formes, les courbes bien faites, à la place on dirait du marshmallow bien difforme, bien collant. Les cheveux brillants chez moi sont gras, les grands yeux en amandes et éclatants sont devenus petits et ronds. Ma silhouette n’est pas svelte mais bel et bien grasse.

C’est vrai tout le monde a des défauts mais moi je les ai tous. Non je ne suis pas idiote, non je ne me dévalorise pas, je suis comme ça, négative pour tout. Il y a quand même des points positifs à cet état d’esprit, je ne suis pas narcissique, je ne fait pas de nombrilisme.

Je ne passe pas mes journées dans les boutiques de mode mais plutôt devant la télévision. Les sorties sont en famille et pas entre amis. C’est long, ennuyants et dès que l’on y est on a envie de se tailler mais c’est comme ça. C’est ma vie.

En fait cette vie qui est la mienne n’était sans grand intérêt jusqu’au jour où une fille me demanda si j’avais du feu.

C’était à la gare, j’y attendait mon bus, debout depuis plus d’une demi-heure sans bouger, je sentais les fourmis qui me chatouillaient depuis cinq minutes les pieds monter dans mes mollets. J’aurais cru voir une prostituée si elle n’avait pas eu un gros sac, mal fermé et remplis de livres, dans le dos. Elle avait une mini jupe blanche fendue, un top rouge transparent, des bottes simili noir au dessus des genoux. Je lui répondis que non, je ne fumais pas et elle partit comme ça, sans rien dire de plus, en balançant ses fesses de droite à gauche sous les regards excités des garçons bavants d’admiration. Cela me parut étrange, la plus part de ceux-là fumait et c’est à moi qu’elle avait demandé du feu. Elle disparut derrière un autocar stationné et je ne la vis plus durant deux semaines.

Un lundi matin, la tête mal lavée et pas coiffée, je sortais de mon bus et tout à coup quelqu’un me frappa dans le dos, c’était cette fille. Sans que je comprenne pourquoi, elle me dit: " Salut, je m’appelle Stella, je t’ai observé pendant ces deux semaines et je voudrais te parler ! " Elle me balança ces mots en pleine figure, devant tout les gens qui sortaient du bus. En temps normal, je pense que je l’aurais envoyé balader mais sa spontanéité et sa franchise me plues, je décidai de la suivre, tant pis pour les cours, elle m’intriguait.

On passa l’après-midi sur une place très fréquentée de la ville, assises sur un muret tagué. Je l’écoutai parler pendant toute la matinée. Elle me dit la vérité, sa vérité, ce qu’elle pensait des gens, les hommes, de ses parents et de moi bien évidemment. Elle me raconta sa vie et je l’écoutai et curieusement cela m’intéressai, me passionnai. Elle me raconta sa courte existence et je m’y reconnaissai. C’était moi, sa vie était la mienne. Cette fille provocante était moi et elle était la grosse en baggy.

Elle vivait avec ma mère, son beau-père et sa demi-sœur. Elle se sentait mal dans sa peau et les cours lui faisaient chier... Malgré les apparences, elle n’était jamais sortie avec des mecs et ils la dégouttaient. La seule différence entre elle et moi était qu’elle passait ses soirées en boite de nuit au lieu de devant la télé et qu’elle était un canon.

A la fin de la journée, chacune connaissait pratiquement tout de l’autre. On marcha ensemble jusqu'à la gare et on prit nos bus respectifs après s’être échangé nos numéros de téléphone.

Tout au long du trajet je ressassai cette journée, il m’arriva même de sourire toute seule ce qui intriguait les autres passagers à qui je répondais d’un regard fixe et menaçant. Ils tournaient la tête, indignés.

Toute la semaine qui suivit, je n’allais pas en cours. Stella non plus. Nous passions toutes nos journées à marcher, rire, parler de tout et de rien, draguer et prendre des vestes pour moi et se faire draguer et mettre des vestes pour elle. Nous étions complémentaires et nous le sommes toujours.

La première fois qu’elle m’a emmené en soirée, je ne voulais pas. J’appréhendais ma première sortie en boite. Tous ces gens et moi au milieu !

Elle me rassura, me dit qu’elle resterait avec moi. Puis elle sortit son attirail de relooking. Je devins aussitôt verte.

Elle prit soin de me faire un masque avant de me coiffer, maquiller, habiller, etc...

Bref, elle m’avait tellement fait de trucs que je ne n’aurais pas pu en faire la liste sans en oublier la moitié.

A la fin de ces " minimum " trois heures de préparation intensive, je ressemblais presque à une fille normale et sans ma tonne de vieilles guenilles je n’étais pas si épouvantable que je le pensais.

Je portais l’un des pantalons noirs de sa soeur avec une tunique rouge longue qui appartenait à ma mère sur laquelle pendait une ceinture en cuir noire. Stella m’avait maquillé comme une star de cinéma avec un tas de paillettes partout. Elle me dit, pour la première fois et d’ailleurs elle était la première personne à m’avoir dit cela : " Tu es magnifique ! "

Je me sentis bizarre, j’éprouvais un sentiment de bien-être et en même temps j’avais envie de pleurer. Je sentais les gouttes d’eau salée monter dans mes yeux et des grosses larmes de bonheur jaillirent de mes petits yeux ronds.

Lorsqu’elle me vit chialer comme un gosse, Stella me prit dans ses bras et me dit d’arrêter sinon elle allait pleurer aussi. Je crois bien qu’à cet instant je fus vraiment heureuse pour la première fois de ma vie. Oui, j’étais heureuse, simplement certes mais sincèrement.

Je ne sais pas combien de temps dura notre étreinte amicale mais au bout d’un moment elle leva la tête et dit : " Allez, assez pleurer, on y va ! "

Elle prononça ces paroles de façon directe, me prit le bras et nous descendîmes dans le séjour où sa mère nous attendait, le trousseau de clefs à la main.

Elle nous emmena en voiture et prit soin de nous déposer un peu avant l’endroit, sur un parking de supermarché à quelques mètres de distance.

Stella n’aimait pas être vu sortant de la vieille voiture de sa mère.

Une fois arrivées, après s’être arrêté quatre fois en chemin à cause de nos bas de merde qui descendaient tout seuls, le videur, qui malgré la légende était un type chétif, la reconnu. Elle lui fit les bises et il nous fit passer devant une vingtaine de pauvres jeunes qui patientaient depuis des heures.

Il y avait des gens de tout les horizons, de tous les âges, de tout les genres dans cette pièce.

Nous nous assîmes à une table située sur le balcon au-dessus de la piste enfumée par les fumeurs de cigarettes et également d’autres substances diverses.

Un mignon petit serveur vint lui dire bonjour et lui demanda : " Comme d’hab. ? ", elle acquiesça en indiquant deux avec les doigts.

Nous étions là, installées depuis quinze minutes, à siroter le cocktail bleu, vert et jaune de monsieur " Je-me-prend-pour-l’acteur-ultra-connu-dans-le-film-super-connu " que l’on va appelé Tom, quand un homme vint s’asseoir à coté d’elle sans rien demander, comme ça, il s’installa. C’est à peine s’il ne mit pas les pieds sur la table et dans nos verres. Il s’adressa à Stella en lui caressant le visage avec sa grosse main fripée et poilue de l’homme très mûr : " Stella mon cœur, cela fait longtemps que je ne t’ai plus vu, pourquoi tu ne viens plus voir ton vieux père ? " Je restai sous le choc un instant, moi qui avait imaginé à un moment que c’était un dangereux mafioso près à tout pour possédé la jeune fille belle et attirante qu’elle été. Stella me regarda avec un sourire qui disait : "  Excuse-moi d’avoir omis ce petit détail. "

J’appris ce soir-là, après que son père lui est remis une enveloppe, qu’il était le gérant de la boite de nuit. Il était très gentil, très aimant avec sa fille enfin avec ses enfants car cet homme était un coureur invétéré. Il avait déjà eu trois épouses. Avec la première, il avait eu deux fils qui avaient une trentaine d’année. Avec sa seconde femme, il avait eu Stella qui avait le même âge que moi et avec la dernière, une petite fille de cinq ans. Il était aujourd’hui et depuis un ans, accompagné d’une jeune femme de vingt-cinq ans à peine mais cela ne dérangeait personne pas même Stella qui ne l’avait jamais vu et qui ne souhaitait pas la rencontrer. De toute évidence, elle venait voir son père, en réalité, juste pour lui soutirer quelques pièces ou billets.

La mère de Stella ne savait absolument pas que son ex-mari était devenu gérant de discothèque sinon je pense bien qu’elle lui aurait demander une pension alimentaire. Stella, en échange de son silence recevait quelques billets toutes les semaines dont elle dépensait sans doute la totalité dans l’établissement de son géniteur ou dans l’achat de vêtements plutôt déshabillés. Tous étaient contents comme ça.

Elle dansa plusieurs fois cette nuit-là et je la suivait des yeux dans la foule pour ne pas la perdre. Je suis restée assise à la table. Je n’avais pas envie de danser. Elle se trémoussait avec des mecs transpirants...J’essayais d’ingurgiter le cocktail dégueulasse de Tom et je regardais un peu écoeurer Stella s’amuser et rire, elle qui avait promis de rester avec moi.

C’est vrai sous les sunlights elle était très belle. Elle brillait de milles feux avec son top à paillettes et à ce moment précis j’aurais voulu être elle. Mais non que je suis bête elle et moi on est complémentaire. Elle danse et s’amuse et moi je déprime et m’ennuie.

Nous sommes rentrées vers trois heures du matin. Elle était fatigué alors elle avait appelé sa mère qui était entrain de dormir. Elle a mis seulement vingt minutes à venir mais Stella a quand même trouver le moyen de lui reprocher que ça faisait au moins deux heures qu’on attendait.

J’ai dormi chez elle, dans sa chambre à coté de son lit, sur un matelas. En pleine nuit ou devrais-je dire cinq heures, elle s’est levée, a couru aux waters et je l’ai entendu rendre son cocktail... Je le savais bien, moi, que ce truc était dangereux ! Je me suis rendormie.

Vers midi, je me suis réveillée. Des cernes immondes entouraient mes yeux. Je m’étirai et m’aperçu que Stella n’était pas dans son lit. " Pas grave, elle doit être descendue, je vais me débarbouiller et filer sous la douche ! " Je me dirigeais vers la porte au fond du couloir en titubant de fatigue. Je poussai la porte de la salle de bain quand je sentis une résistance. Je poussais plus fort et derrière la porte, il y avait Stella à moitié endormi. Elle ouvrit un œil et me sourit. Je lui demandai qu’est-ce qu’elle avait, elle répondit qu’elle avait dû se rendormir après s’être levé pendant la nuit. Elle avait même oublié de tiré la chasse d’eau et une odeur nauséabonde de vomi planait dans l’air.

Au lieu de me dégoutter, cela me fit sourire puis rire à gorge déployée. Stella se mit à rire également et alors commença un délire pire que tous les autres. On n’a jamais autant ri, je crois, que cette matinée-là. Nous avons ri pour rien et en plus, pour un truc dégueulasse. Elle avait une tête abominable et moi non plus, je ne devais pas être jolie à voir.

On ne reparla pas de cette soirée précisément mais tous les week-end qui suivirent jusqu'à aujourd’hui nous sortîmes ensemble.

Jamais je n’ai aimé aller en soirée mais je la suivais quand même. Je ne sais pas pourquoi. J’imaginais qu’il pouvait lui arriver quelque chose de grave si je n’étais pas présente. Je crois que ça la rassurait également de penser qu’elle n’était pas seule. Sans doute que la même chose trottait dans nos têtes. Nous sommes pareilles mais si différentes. Elle est la star, je ne suis que son ombre. Elle est le soleil et je suis le gros nuage qui vient gâcher le jour ensoleillé.

Cela faisait plus de cinq mois que tout allait pour le mieux et voilà que je redeviens mélancolique. Peut-être me manque-t-il quelque chose d’essentiel. Mais quoi ? J’ai tout ce dont on peut avoir besoin : J’ai une famille qui m’aime comme je suis ( ça leur a fait un choc tout de même, aux vieux, quand ils m’ont vu changer radicalement de look!), j’ai une nouvelle meilleure amie et on s’adore. J’ai un nouveau style top mode, je suis enfin dans la norme, à peu de choses près. Mais il y a toujours un petit détail qui manque à une vie parfaite ou du moins la vie parfaite selon moi et pour moi. Un truc que beaucoup de gens de mon âge ont ou ont eu. L’amour. Je n’ai pas d’amour. Personne ne m’aime. Si, bien sûr, je reçois un amour maternel, paternel et fraternel mais où est l’amour, le vrai, le pure, le dure, le sensuel, le pas artificiel, l’éternel ? Suis-je trop froide pour quelqu’un ? Suis-je trop moche pour séduire ?

Ce que je sais c’est qu’il est hors de question de trouver l’âme sœur dans une boite de nuit. Je décide de chercher ailleurs.

Stella est comme moi à ce sujet : Nous sommes complémentaires, mais sur le plan affectif elle est identique à moi : elle est vide. Nous avons donc décidé de ne plus fréquenter l’établissement de son père pour le moment. Nous allons chercher ailleurs ce qui nous manque tant.

Nous allons très souvent à la bibliothèque, j’aime bien le coté intello de certains garçons. Pour moi la culture est essentielle. Je n’apprécierais pas me retrouver face à quelqu’un dit ne saurait pas quoi raconter. Nous passons également très régulièrement à la patinoire, Stella aime les sportifs. Nous rencontrons des gens intéressants mais ce ne sont que des amis.

Cela fait presque un mois que nous cherchons et toujours rien. Non, je ne désespère pas. Si. Non, on dit toujours que ce que l’on cherche arrive lorsqu’on ne si attend pas.

C’est vrai ma parole. J’ai rencontré Raphaël. Il est parfait pour moi. Et il est cultivé. En fait " rencontrer " est un bien grand mot parce qu’il est dans ma classe depuis la rentrée. Il m’a dit que depuis le début de l’année il s’intéresse à moi mais qu’il avait peur de m’en parler. Quand il m’a vu changer, il a pensé : " Ouaah ! Y’a pas moyen, faut que j’aille lui parler ! " Et voilà, Raph et moi ça fait deux petites semaines qu’on est ensemble. Je l’adore.

Tiens mais j’y pense ça fait super longtemps que je n’ai pas vu Stella. Où est-elle ?

Je l’ai appelé hier soir, elle m’a dit qu’elle ne séchait plus les cours depuis qu’elle connaissait Olivier. Olivier, c’est le maître-nageur de la piscine municipale. Ils ne se connaissent pas de là-bas mais de la caisse du supermarché. Il n’avait qu’une bouteille d’eau, elle l’a laissé passer devant elle, il lui a dit merci... Bref, ça a était Ze coup de foudre ! Cette folle m’a dit qu’en plus ce jour-là elle n’était pas maquillée, et qu’elle était habillée comme un sac à patates.

Son histoire était, selon elle, super romantique mais le coup de la caisse et du sac à patates m’ont plutôt fait sourire. On s’est promis de se voir tous les quatre le samedi suivant. " Rendez-vous sur la place comme d’habitude ! " a-t-elle ajouté d’un ton enjoué. J’ai dit OK et on a raccroché.

Ce samedi-là j’ai du forcer Raphaël à lever ses fesses du canapé. Mais bien sûr son match Trifouille-les-oies face à Paumé-sur-mer était plus important que ma meilleure amie. J’ai réussi à le résonner, il est parti avec moi tout de même.

Ce fut une journée très agréable. Il faisait beau, le soleil faisait briller mes cheveux et ça faisait du bien de sentir du chaud après toute une semaine de pluie glaciale.

Nous avons parlé entre filles de pleins de choses qui n’intéressait pas nos petits copains. Ils préféraient discuter de cette fameuse rencontre des champions qu’ils avaient loupé. Evidemment ils avaient tous les deux enregistré le match avec le magnétoscope.

Stella n’a avoué qu’elle avait l’intention de quitter Olivier bientôt. Elle n’était pas prête pour ce genre de relation à longue durée. Elle était trop jeune pour se fixer. C’est vrai qu’il avait sept ans de plus qu’elle mais il était sympa.

Trois jours après c’était fait. Raphaël et moi, ça n’a pas été plus long non plus. Au bout d’un mois je ne supportait plus qu’il drague les autres filles. Ce n’est pas que je sois jalouse à ce point mais qu’il le fasse devant moi, il y a des limites ! Il y avait d’autres raisons mais moins importantes.

Stella et moi on a recommencé à aller s’éclater en boite. Nous sortons presque tous les soirs et presque tous les soirs nous avons un flirte différent. Cela ne va jamais plus loin que le baiser. Enfin pour moi, parce que Stella est de plus en plus distante, elle a des nouveaux amis avec qui elle délire mieux. Tous l’adorent, elle est devenu plus belle que jamais, plus abordable et elle ne chipote pas sur les mecs . Elle rentre beaucoup plus tard que moi. Elle fume au moins trois paquet par jour. Même sa mère qui se fait toujours très discrète et qui ne demande jamais rien à sa fille, un soir, m’a appelé sur mon portable en me demandant si je ne l’avait pas vu. Cela faisait plus d’une semaine qu’elle n’était pas rentrée chez elle. Je comprenais sa mère. La pauvre femme. Elle qui n’avait qu’un seul salaire : le sien, qui devait s’occuper de son mari et de son autre gamine, elle ne pouvait même pas se reposer de temps en temps sur l’épaule de sa fille aînée. Elle ne la comprenait pas, ni son caractère et ni sa méchanceté vis-à-vis de celle qui l’avait nourri, habillé et surtout aimé toute sa vie. Qu’est-ce que son bébé était devenu ? Une espèce de garce qui couche à droite, à gauche ? Moi même je ne comprend plus Stella. Elle ne me dit plus rien, ne me confit plus rien. Elle m’évite en soirée.

Je lui ai demandé un jour ce qui n’allais pas chez elle, elle l’a mal prit, très mal prit. Elle m’a dit de me mêler de ce qui me regardait, d’aller me faire foutre. Sa vie ne me regardait pas, j’était bien gentille mais elle n’avait besoin de rien.

" Stella tu n’es plus comme avant. Je t’aime comme une sœur. Tu sais que je suis là pour toi. Tu m’a aidé un jour, souviens-toi. Et je te dois ça parce que je sens que tu es en train de te perdre. Quelqu’un te tend un pièce. Dis-moi ce que tu as ? "

Stella est partit, elle avait les larmes au yeux. Moi aussi.

Je pense encore à elle de temps en temps, je ne sais pas si elle a réussi son examen. J’espère que pour elle que tout va bien ou plutôt que tout va mieux.

C’est les grandes vacances, ouf, ça fait du bien aux neurones. Devinez qui m’a téléphoné ? Stella. Elle va superbement mieux. Son examen dans la poche, elle s’est réconciliée avec sa gentille maman. Elle s’excuse de m’avoir jeté si cruellement. Je lui pardonne, elle a l’air si sincère. Je lui ai dit que je l’aimait moi aussi toujours très fort quand elle m’a dit, la voix tremblante, qu’elle n’avait jamais eu d’amie telle que moi.

Elle et moi c’est à la vie à la mort enfin presque parce que voilà, je suis seule dans les chiottes dégueulasses de cette boite toute ressente qui vient d’ouvrir ici. Stella vient de partir avec mister Don Juan de 10eme zone. J’ignore ce qu’elle lui trouve à ce type comme si du premier regard elle savait que c’était le mec idéal. C’est quand même salaud de me laisser là avec mon vomi, je voudrais qu’elle soit morte là, maintenant, elle et son sale type... Est-ce que j’aurais fait ça moi ? Non... bien sûr que non... Peut-être que si !

Publicité
Publicité
Publicité